La Biélorussie, entre renouveau démocratique et déstabilisation

Dans cette ancienne république soviétique règne depuis 1994 le « dernier dictateur d’Europe », Alexandre Loukachenko. Dans un contexte de profonde crise économique, les opposants sont persécutés. Déjà les élections législatives de novembre 2019 n’avaient donné aucun élu à l’opposition ; les résultats officiels de la présidentielle d’août 2020 sont extravagants : 80 % des voix à Loukachenko contre 11 % à sa rivale Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait réussi à fédérer les partisans de deux autres opposants, l’un invalidé, l’autre arrêté. Cette dernière élection volée a provoqué une crise profonde, dont l’écho se fait sentir bien au-delà des frontières du pays comme le montre Courrier International.
Les résultats, que tous les observateurs jugent totalement faussés, suscitent une vague de manifestations, violemment réprimées. L’opposante se réfugie en Lituanie, multiplie les déclarations aux medias occidentaux, et appelle à une manifestation géante pour le 16 août. Après le succès de celle-ci, elle se dit disposée à exercer le pouvoir. Loukachenko n’hésite pas à se montrer en public kalachnikov en bandoulière et à déclarer que face à lui les manifestants « détalent comme des rats ». Depuis, les premiers signes de division apparaissent au sein de l’opposition.
Mais en même temps, le dictateur cherche à se rapprocher de Poutine (qu’il avait pourtant accusé fin juillet d'avoir fomenté des émeutes pour le renverser). Ce dernier affirme sa volonté de préserver les intérêts russes et d’éviter une déstabilisation de la Biélorussie. Les syndicats ouvriers russes dénoncent vigoureusement les méthodes utilisées par Loukachenko pour contrer le mouvement de grève des travailleurs biélorusses contre lui (signal envoyé par le Kremlin ?).
Loukachenko, qui avait construit sa carrière sur l’idée d’une réunification avec la Russie, espère que celle-ci jouera dans cette crise la stabilité géopolitique de la région.
L’Occident, évidemment, fait bloc pour soutenir l’opposition au dictateur biélorusse. Macron, qui a rencontré lors d'un voyage dans les pays baltes ses homologues lituanien et letton, inquiets, avant un entretien avec Svetlana Tikhanovskaïa, vient d'affirmer que Loukachenko "doit partir" ; mais même Trump fait preuve de beaucoup de prudence…
La Biélorussie est à la croisée des chemins.

Lire plus : https://www.courrierinternational.com/fiche-pays/bielorussie